Un élève habituellment consciencieux commence à décrocher

Trois groupes de causes peuvent se présenter principalement et sans s’exclure mutuellement : 

 

A. Un souci durable, vécu comme important par le jeune et souvent gardé secret par lui, envahit son psychisme et diminue sa disponibilité à l’écoute et au travail. Souvent alors aussi, son fonctionnement général s’assombrit, il devient moins social et plus irritable. Exemple : menace de séparation de ses parents, racket, harcèlement à l’école, impression d’avoir fait une grosse bêtise, abus sexuel, etc. … 

Autant si l’enfant commence une dépression, vit un conflit névrotique difficile ou dans le contexte de certaines maladies organiques débutantes pas toujours faciles à détecter (exemple, mononucléose, tumeur débutante …)  

B. L’enfant devient diffusément dépassé par les nouvelles exigences de son année scolaire, parce que son intelligence trop moyenne mais non repérée comme telle, ne lui permet plus de suivre le train rapide de l’enseignement.

Quand on interroge l’école (et les parents s’ils ne font pas la politique de l’autruche), on voit bien que son rendement antérieur était déjà moyen, irrégulier et qu’il fallait « le pousser », parfois au-delà du raisonnable, pour qu’il reste à flot.

Si un psy examine cet enfant, il constatera le plus souvent qu’il manque de subtilité et n’est donc plus à sa place dans le type d’enseignement trop exigent pour lui où ses parents avaient voulu le mettre. Malheureusement, ceux-ci s’aveuglent souvent,      ssent et le bastonnent comme un âne bâté qu’il n’est pas vraiment !  

C. Plus habituellement, c’est une sorte de trébuchement, heureusement moins grave : un enfant, même intelligent, peut ne pas comprendre transitoirement tel nouveau chapitre d’une matière, telle nouvelle manière de travailler qui lui est proposée : si l’on n’y est pas sensible, bien vite alors, il n’a plus la base de pré requis qui lui permet de suivre les autres et le fossé se creuse.

D’où vient la défaillance du moment ? Parfois, du cœur même de son intelligence, qui « bute » sur un nouveau type de raisonnement : Notre psychisme cognitif ne peut pas se comparer à une sphère lisse et brillante, en expansion continue : dans chacune des sphères, il y a des creux, des bosses, quelques fissures. Parfois, ce sont l’une ou l’autre fonction neuropsychologique, instruments de l’intelligence, qui nécessitent un renforcement. Mais si les parents, ici aussi, stressent ou/et  disqualifient l’enfant, la panique et l’incompréhension sur ce qu’il vaut vraiment peuvent s’emparer de lui et accroître son blocage. 

Comment l’accompagner ? 

 

  • Une préoccupation affective nouvelle et secrète n’étant donc jamais à exclure, on gagne à investiguer ce champ : Faire appel au don d’observation et à la mémoire des proches de l’enfant ; les inviter à se mettre en question : Peut-être se passe-t-il quelque chose chez eux qu’ils n’aiment pas trop regarder en en face ? Aller vers l’enfant ; s’enquérir de ce qui lui arrive ; lui proposer de parler avec délicatesse et dans une ambiance de confidentialité … certains finissent par s’ouvrir de préoccupations qui jusque-là, les rongeaient sans qu’ils osent en parler. C’est possible, mais le silence peut également persister, pesant et crispé, et il ne s’agit pas de faire violence à l’enfant. Enfin, l’exploration de l’affectif n’est jamais qu’une exploration : il est donc possible qu’elle ne débouche sur rien de significatif et que le problème soit principalement d’ordre cognitif. 

 

  • Si l’on suspecte une surévaluation importante des moyens de l’enfant, alors « largué » dans (quasi) toutes les matières, on gagne à lui faire passer des examens spécialisés ; QI, fonctions neuropsychologiques, acquis pédagogiques, etc. … Sur base de quoi et avec l’aide des spécialistes consultés et de ses enseignants du moment, l’on pourrait mettre en place les remédiations et réorientations qui s’indiquent. En veillant à ce qu’il n’en résulte pas un sentiment d’échec et de moindre valeur, ni chez l’enfant, ni chez les parents. 

 

  • Lorsque, comme c’est souvent le cas, le problème de compréhension et d’instrumentalisation de l’intelligence est plus limité, espérons que les parents restent maîtres d’eux, sereins, sans s’affoler ou se fâcher tout de suite : 

◊ - Parler avec l’enfant, essayer de comprendre la difficulté du moment à partir de lui, donne déjà souvent de bons fruits ! S’il sent la bienveillance et le désir d’aide émanant de l’adulte, il pourra assez souvent commenter : « Qu’est-ce que je ne comprends plus ? A partir de quand ? Est-ce que je devine pourquoi ? Comment est-ce que j’essaie d’y faire face ? Qu’est-ce qui va arriver ? Qu’est-ce que je pense de moi ? , Etc.,  »

On peut en profiter pour tester (superficiellement) ses connaissances et processus d’apprentissage à la maison : lui faire exécuter un petit exercice facile (un d’avant, quand ça allait bien), un plus difficile, plus récent … essayer de trouver ce qui coince et parfois, simplement, prendre le temps  de lui réexpliquer. 

◊ - Rencontrer l’école, sereinement ; Demander l’avis de l’enseignant, de la psychologue scolaire, chercher avec eux aussi en quoi consiste le problème et  quelles pourraient être les premières ré médiations. Si des doutes persistent, recourir à des examens plus spécialisés (logopédie ; fonctions neuropsychologiques, tests logiques piagétiens, etc. …) 

◊ - Les investigations qui précèdent donnant le plus souvent des résultats : telle fonction neuropsychologique n’est pas au « top » ; il existe des bases pré-requises pas bien assimilées … ou, plus mystérieusement, l’intelligence a été prise en défaut et il existe un processus d’apprentissage ou un chapitre du grand livre des connaissances qui échappe à l’enfant. Il nous revient donc de l’accompagner avec patience, en expliquant ce qui est momentanément difficile ; de lui proposer les éventuelles remédiations intéressantes, longues ou brèves, en s’efforçant de l’y motiver positivement. Nous pouvons aussi travailler à maintenir sa confiance en soi et son espérance pour l’avenir : ce qui lui arrive est susceptible d’arriver à tout le monde et n’empêche pas de réussir sa vie. Moi, par exemple, j’ai toujours été « bouché de chez bouché » pour la prononciation de l’anglais et pour les statistiques et j’ai dû « faire avec comme je pouvais » (par exemple en bachotant et en jouant outrageusement sur ma mémoire pour les statistiques) 

Comme pour l’enfant jouette, maintenir un cadre de travail et s’abstenir de tous étiquetages, cris, menaces et punitions, parfaitement contre-productifs. Lire l'article Les élèves immatures et jouettes